Place des marronniers : petite conversation entre amies (extrait)

« …oui oui la salle à manger et le salon sont à revoir,….nous avons pris un designer. Il refait tout : les plans, les couleurs, les meubles, l’éclairage…il a choisi un camaïeu de blancs pour le plafond et les murs, un tapis gris, des canapés noirs signés le Corbusier, des spots intégrés…c’est sobre, c’est simple, c’est épuré, bref c’est design ! Un vrai changement, on est sûr de ne pas se lasser… »

Ouf !

Confusion : entre style et design il y a de l’orage dans l’air… On fait revêtir au design les habits du style armé d’adjectifs pour décrire le vide, le simple, le nu, le moderne, le sobre le chic et le blanc. Ils s’opposent bien sûr à l’encombré, le compliqué, le classique, le marron, le perroquet, le has-been, le « lassé » le triste…. il y a de l’eau dans le gaz !

Réalité : le mot design a été employé en Angleterre en 1849 par Henry Cole pour définir un processus de projet. Au début du XXème siècle le mouvement allemand Bauhaus a placé ce mot au centre d’une conception, d’une mise en forme, d’une concrétisation d’un objet à caractère industriel et universel. Parler de design pour une pièce, un espace ou une maison c’est parler de modularité, de concept de zone, de rendement, de préfabrication d’éléments, et d’esthétisme !

Autrement dit une couleur ne peut pas être design, un tapis non plus, sauf si il a été conçu modulable pour se transformer en vide-poche !

092-image10-003Autrement dit un canapé peut être design si il est ergonomique, fonctionnel et beau. Un évier en inox ou en corian peut être design si il a toutes les qualités d’entretien, de volume, d’esthétisme, d’adaptation propres à son utilisation. Une maison peut être design si elle a été dessinée de sorte à être modulable, organisée, utilisable pour tous ses habitants et si le choix des matériaux a tendu vers des produits industriels ou reproductibles.

Le concept du design n’est pas contemporain, c’est un jeune homme de plus de cent ans. Ses plus belles pièces sont dans les musées et leurs reproductions sont en vente sur nos boutiques en ligne du fauteuil à la petite cuillère.

Osons le design mais pas forcément blanc, pas forcément gris, pas forcément froid, pas forcément dénué de fantaisie, pas forcément tout seul car design et classique cela doit pouvoir se faire !

Ainsi on ne pourra plus dire à l’instar de Frédéric Beigbeder que « le café design est une invention des parisiens pour parquer les provinciaux et déjeuner tranquilles au café de Flore »

Geneviève Naudin

6 Commentaires. En écrire un nouveau

  • Comme c’est bien analysé et bien dit ! Enfin ce mot de « Design » retrouve sa valeur en étant débarassé des atrtibuts encombrants de la mode ! Merci beaucoup …

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  • Geneviève Naudin
    27 juillet 2015 18 h 21 min

    Merci pour ce retour. J’ai quelques autres « marronniers » à travailler :
    – Pas plus de trois couleurs dans une pièce (?)
    – Un plafond blanc apporte de la lumière (!)
    – J’ai peur de me lasser de telle couleur (…)

    Et d’autres articles à venir, dans d’autres domaines : Chagall et les symboles, Le bleu, Le noir et le blanc.

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  • J’espère que vous écrirez des articles sur ces 3 prochains marronniers! Il y en a tellement marre d’entendre les clients nous rabattre cela en permanence !!!!

    En entendant merci pour cet article, au plaisir de vous relire!

    Rachel [peintre en bâtiment excédée de peindre des plafonds blancs 😉 😉 ;)]

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  • Sandrine Bailly
    27 juillet 2015 18 h 23 min

    Merci Geneviève pour cette mise au point car c’est vrai que ce mot est trop largement utilisé et en a perdu toute signification !
    J’ai hâte de lire les prochains articles ! 🙂
    Merci encore !

    Sandrine

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  • Très bon article Geneviève et tellement vrai…
    Impatient de lire tes autres articles 😉

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  • Très bon article… Couleur design, je n’avais encore jamais entendu ! mais du genre : » bleu c’est trop bleu, noir c’est trop noir, etc… et je vais me lasser…  » quelques fois, il faut vraiment se battre pour amener de la couleur et le papier peint, c’est encore une autre histoire !
    J’ai hâte de lire la suite…
    Brigitte

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